Être deux à la tête de Switch Collective implique quelle répartition des rôles ?
Clara : Cela peut paraître étrange mais nous n’appliquons aucun modèle classique de répartition de rôles avec des périmètres précis. Nous n’aimons ni les titres ni les statuts. C’est mouvant. Nos profils sont complémentaires, nous sommes polyvalentes, nous concevons et décidons à deux cerveaux, ce qui ne permet pas toujours d'aller plus vite mais définitivement d'aller plus loin ! Par contre, ensuite, nous nous répartissons l'exécution de ce que nous avons décidé ensemble.
Vous parlez à la deuxième personne du singulier sur votre site, à qui s’adresse Switch Collective ?
Clara : Effectivement, nous tutoyons sur le site. Ce choix s’est imposé comme une évidence quand nous l’avons monté. C’est dynamique, direct, et ça implique une proximité immédiate. Nous avons brainstormé en anglais et seules des formules catchy nous venaient en tête. La traduction fidèle dans notre langue est le tutoiement. Nous aimons ce côté décalé pour parler de sujets sérieux, créer du lien et insuffler une connivence positive. Ça nous ressemble beaucoup.
Béatrice : Nous nous adressons à toute personne qui ne se reconnaît pas ou plus dans les modèles existants et qui se questionne sur son orientation professionnelle. Autant dire que le panel est large ! Mais en moyenne, nous touchons beaucoup les 28/40 ans. Ceci dit, c'est un phénomène intergénérationnel que nous traitons avec Switch Collective, qui selon nous ne concerne pas seulement la génération Y comme on l'entend trop souvent.
A quoi ressemble votre quotidien ? Avez-vous une journée type ?
Clara : Au contraire ! Chaque jour est différent et chaque jour est un apprentissage nouveau. Nous pouvons aussi bien faire du home office qu’être au bureau ou aller à des rendez-vous. Et quand on est dans nos locaux, aucune journée ne se ressemble. Entre les conférences, le coaching, les workshops ou encore les ateliers de méditation ou de yoga... En revanche, c'est justement quand tout est mouvant qu'il est indispensable d'instaurer des rituels, des points d’ancrage. Nous avons donc instauré 2 petits-déj par mois ensemble et un déj avec l'équipe chaque semaine. Et puis nous avons chacune notre petite routine le matin : Béatrice fait du yoga et moi je fais 15 minutes de méditation.
Vous amusez-vous en travaillant ?
Clara : Affirmatif ! S’amuser est essentiel à notre dispositif ! C'est ce que nous souhaitons insuffler aux participants de nos programmes : le sérieux sans se prendre au sérieux, la convivialité, l’humour. Evidemment, ce que nous enseignons à nos participants, nous nous l’appliquons à nous-mêmes. Cela peut sembler paradoxal à première vue mais ça nécessite beaucoup de discipline de garder du temps pour respirer et s'amuser dans son travail. On a vite fait de se laisser embarquer dans l'opérationnel et la folie du quotidien. Du coup, une fois par semaine, on a un déjeuner avec l'équipe où il est interdit de parler de boulot. Et une fois par mois, on fait une activité fun tous ensemble organisée par un membre de l’équipe à tour de rôles.
Esthétique pop, punchlines, citations de films et de séries cultes, iconographie eighties : d’où vous viennent ces idées ?
Béatrice : De nos influences personnelles. Nous avons monté un tableau Pinterest avec nos inspirations et nos références communes et l’univers de Switch Collectif s’est dessiné. Un mix and match de valeurs philosophiques, de visuels punchy, et de chansons inavouables. Bref, nous quoi ! Et l’équilibre s’est créé naturellement car il n’y a rien de fake ni d’emprunté dans ce que nous faisons. Nous sommes sincères et ça nous ressemble. Nous aimons l’idée de faire cohabiter aussi bien Jim Morrison que Deleuze. C’est notre marque de fabrique !
Quel est le premier signe que vous décelez chez quelqu’un sur le point de switcher ?
Clara : Ça peut se manifester de différentes manières : l’ennui, la perte de sens, le sentiment d'inutilité, d'absurdité, le manque d'autonomie ou d'alignement avec qui on est…
Et quel serait le premier tip que vous pourriez lui donner ?
Béatrice : De venir « faire le bilan calmement » évidemment (Note : leur programme de reconversion professionnelle pour les actifs en quête de sens). Quand on a envie de changement dans son job, on se sent souvent isolé et on manque d'énergie. On conseille donc de s'entourer de gens qui sont dans la même dynamique de changement, pour se serrer les coudes, s'encourager, se nourrir... C'est d'ailleurs pour ça que notre programme « Fais le bilan calmement » est collectif et collaboratif.
Est-il important de débrancher ?
Clara : Bien sûr ! Le lâcher prise est indispensable pour se reconnecter avec ses tripes. Prendre du temps pour soi est essentiel. Nous appelons ça le vide fertile. Car vous êtes toujours actif pendant ces périodes ; vos capacités cérébrales fonctionnent mais elles n’ont simplement pas la même finalité. D'ailleurs ces phases de déconnexion, d'exploration, de "switch off" comme nous les appelons sont indispensables dans un processus de switch et de changement. C'est pour ça que nous proposons à nos participants des ateliers de sophrologie et de méditation notamment. Par moment, il est urgent de ne rien faire !