Malene Rydahl

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Malene Rydahl

Si Malene Rydahl est née au Danemark, c’est en France qu’elle a posé ses valises à l’âge de 18 ans pour vivre son rêve. Elle a multiplié les expériences à la direction marketing et communication de plusieurs groupes, notamment pour le groupe Hyatt Hotels & Resort. Entrepreneuse, elle s’est aussi associée à son frère pour lancer la chaîne de restaurants 42 Raw. 2014 marque un tournant dans sa vie et sa carrière puisqu’elle écrit le livre best-seller « Heureux comme un Danois ». Aujourd’hui conférencière et écrivain, Malene se consacre pleinement à ce qui l'anime : le bonheur. 
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Bonjour Malene, dans votre livre « Heureux comme un Danois » (Grasset, 2014) vous dites « être née par hasard dans le pays le plus heureux du monde », quelles sont les valeurs avec lesquelles vous avez grandi ?
 J’ai naturellement reçu des valeurs qui tournent beaucoup autour de la liberté de choisir d’être soi-même. Ma mère ne bataillait jamais avec moi sur les devoirs, elle me disait : « Tu peux ne pas les faire, mais tu finiras par avoir moins de possibilités que les autres, c’est toi qui choisis ».
 
Qu’est-ce que vous vouliez faire petite ?
 C’est drôle parce qu’à 9 ans, je voulais être ambassadeur ! Je voulais voyager, découvrir le monde et aller vivre à Paris ! Puis à 11 ans j’ai voulu travailler dans l’hôtellerie donc mon père m’a amenée voir la directrice du plus bel hôtel de ma ville (Aarhus). Elle m’a bien alertée sur le fait que c’était un travail de passion dans lequel il fallait être prêt à travailler le soir et le week-end.
 
Pourquoi cette idée de vouloir vivre à Paris ?
 Dès 13 ans, j’avais l’intuition que je viendrais vivre à Paris un jour. Je m’étais même inscrite en cours de français le soir pour être pleinement préparée à venir en France à 18 ans et suivre ma passion. Dans mon livre, j’appelle ça un idéalisme réaliste. Il s’agit de suivre ses rêves mais d’avoir les pieds sur Terre.
 Au départ, je m’imaginais Paris, la Tour Eiffel, le Louvre et les terrasses de café alors que finalement, les débuts ne correspondaient pas vraiment à ça ! Je ne comprenais rien au français, j’étais jeune fille au pair, je vivais dans une chambre de bonne et j’avais perdu tous mes repères.
 Au bout de 4 mois, ma mère est venue me chercher et elle m’a dit : « Tu as été très courageuse mais ça ne sert à rien de se faire violence et d’être triste donc je te propose de rentrer au Danemark ». Mais j’ai refusé parce que j’y croyais et que j’avais le sentiment que je pourrais être bien à Paris. Il me fallait juste du temps.
 
Quelle a été votre première expérience professionnelle en France ?
 J’avais lu un article sur Elisabeth Sandager qui avait pris la direction de Bang & Olufsen France, elle avait un parcours impressionnant qui m’inspirait, donc j’ai décidé qu’elle allait me guider pour suivre son exemple. J’ai dû appeler à son bureau 40 fois avant de décrocher un rendez-vous… Je lui ai demandé si je pouvais passer du temps avec elle pour apprendre, elle a aimé cette approche, et a accepté ma demande. J’y suis restée 6 ans jusqu’à son départ de la société. Ça a été une expérience déterminante dans ma vie et Elisabeth reste encore aujourd’hui un de mes mentors.
 Suite à ça j’ai travaillé pour une agence de publicité en tant que directrice de clientèle. J’y suis restée deux ans, j’ai beaucoup appris mais je ne me sentais pas à ma place. J’avais besoin de revenir à quelque chose que j’aimais, à mes débuts, à mes rêves : l’hôtellerie.
 J’ai alors accepté un poste de directrice de la communication chez Relais & Châteaux. C’était une expérience assez intense de 6 mois mais je me suis rendue compte que ce n’était pas pour moi et que j’avais pris ce poste « parce que ça ne se refusait pas » plus que par conviction personnelle.

Suite à ces expériences comment êtes-vous devenue Directrice Marketing et Communication du groupe hôtelier Hyatt ?
Je me suis retrouvée un soir au Park Hyatt Paris Vendôme à prendre un verre avec un ami et j’ai discuté avec le directeur de l’hôtel. Deux jours plus tard, on m’appelait pour me rencontrer pour le poste de directrice marketing et communication pour l’Europe, le Moyen Orient et l’Afrique du groupe Hyatt. Le Vice-président était un homme incroyable (il a notamment travaillé 20 ans dans les services secrets du Royaume-Uni comme profiler) avec qui j’ai tout de suite eu envie de travailler. Il m’a proposé le job et j’ai accepté. Comme pour Elisabeth, j’ai été séduite par une personnalité plus que par une fonction. Je pense qu’il est important de s’entourer de personnes que l’on admire, qui nous tirent vers le haut et avec lesquelles on apprend.
 
Comment avez-vous vécu cette expérience ?
 C’était magique. J’ai vécu le rêve de mon enfance parce que j’ai voyagé dans le monde entier, j’ai lancé beaucoup de projets que j’ai imaginés avec beaucoup de liberté. Je travaillais pour un grand groupe dont j’étais fière, j’étais écoutée, et nous avons travaillé dans une grande confiance. Quand j’ai écrit mon livre, je me suis sentie très soutenue.
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« Il s’agit de suivre ses rêves mais d’avoir les pieds sur Terre. »
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Vous avez écrit le livre « Heureux comme un Danois »sorti en 2014 alors que vous étiez en poste chez Hyatt. Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre et à mener cette réflexion en parallèle de votre travail ?  
J’ai l’impression d’avoir toujours eu cette réflexion : comment vivre mieux ? Comment vivre heureux ? Il se trouve qu’en 2012 est sorti le World Happiness Report et le Danemark était numéro 1 des pays où l’on vit le plus heureux. J’ai lu ce rapport et j’ai été fascinée par la force et la simplicité des raisons qui font que l’on vit bien. C’est vraiment lié à la confiance, à cette liberté de pouvoir choisir qui on veut être et à avoir un rôle valorisé dans la société.
Après ça j’ai lu tous les livres d’experts sur le sujet mais il fallait avoir fait 10 ans d’études pour les comprendre ! Donc je me suis dit qu’il fallait écrire un livre pour que tout le monde puisse comprendre le modèle d’une société qui vit en harmonie. Et comme d’autres expériences que j’ai tentées dans ma vie avec une certaine naïveté, j’ai tapé dans Google « How to write a synopsis ? » et j’ai écrit un synopsis de deux pages que j’ai présenté à un éditeur qui a m’a dit : « On y va ».
J’étais ravie tout en me disant que j’avais quand même mes responsabilités au groupe Hyatt et que ça allait être compliqué de faire les deux, peut être valait-il mieux que je demande à quelqu’un de l’écrire pour moi… Un ami journaliste m’a dit qu’il était hors de question que je fasse ça, que j’allais l’écrire et qu’il m’aiderait. Il m’a guidé pour faire le premier chapitre et puis j’ai continué toute seule avec des conseils bienveillants de mon entourage proche.
 
J’imagine que l’écriture de ce livre a soulevé beaucoup d’interrogations. Quelle est votre définition du bonheur ?
Pour moi c’est quelque chose d’individuel, vécu par moment. Il ne faut pas imaginer que le bonheur est un état permanent car ce n’est pas vrai mais quand il est là il faut être capable de le reconnaître et de le vivre pleinement. Ce qui représente une vie heureuse, c’est la liberté d’être fidèle à soi-même, de vivre le plus possible selon ce que l’on est réellement et de suivre ses rêves.
 
Le bonheur, ça se travaille ?
Oui ! Les scientifiques disent qu’à peu près 50% de notre potentiel bonheur est génétique mais la bonne nouvelle c’est qu’il reste pas mal de possibilités pour faire quelque chose ! 40% représente ce que l’on construit ; ce qui nous arrive représente seulement 10 %.
 
Quelles sont les clés ?
Je pense qu’il faut aimer le chemin sur lequel on marche et ce pourquoi on se lève le matin. Souvent, je demande aux salariés dans les entreprises : « Est-ce que vous savez pourquoi vous êtes là ? » La réponse ne peut pas être « pour payer le loyer ». Et souvent les gens ne savent pas pourquoi ils sont là. Pourquoi on fait tout ça alors ? Le fait de poursuivre ses rêves ou de simplement en prendre le chemin donne un sens.
Un jour je suis partie en week-end à Rome et j’y ai rencontré une vendeuse. En discutant, elle me dit qu’elle n’aime pas beaucoup sa vie que son rêve est d’aller vivre à Berlin et de parler allemand. Je lui demande alors si elle prend des cours d’allemand et si elle économise pour y aller. Elle me répond que non car elle travaille à l’aéroport et voilà… Je l’ai regardée dans les yeux en lui disant : « Demain tu pourrais t’inscrire à un cours d’allemand sur internet et tu devrais ouvrir un compte épargne qui s’appellera Berlin ». Le lendemain elle saura pour quelle raison elle va travailler.
L’essentiel est de semer des graines, de les arroser et de s’en occuper pour multiplier les possibilités et avoir le choix. Il faut toujours avoir un plan B, on est moins crispés quand on a plusieurs sources d’épanouissement ou d’amour possibles.

C’est un peu ce que vous avez fait tout au long de votre parcours… Semer des graines pour vous rapprocher de vos rêves ?
Oui, toutes mes expériences m’ont menées là où je suis aujourd’hui, vers une vie dans laquelle je me sens épanouie.
L’écriture de mon livre était d’une certaine manière une graine de bonheur qui m’a offert la possibilité de prendre un autre chemin quelques mois plus tard. En 2009, j’ai aussi investi dans la société de mon frère, 42 Raw, un restaurant healthy végétalien. Aujourd’hui, nous avons quatre restaurants à Copenhague et je compte en ouvrir un à Paris dans les mois à venir. C’est une possibilité que j’ai aujourd’hui car j’ai pris un risque il y a quelques années. Rester passif, le fait de rien faire c’est bizarrement rarement considéré comme une prise de risque mais pour moi c’est le plus grand risque.
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« L’essentiel est de semer des graines, de les arroser et de s’en occuper pour multiplier les possibilités et avoir le choix. »
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Vous avez quitté vos fonctions au groupe Hyatt il y a 4 mois pour vous consacrer à l'écriture et à vos conférences. Qu'est ce qui vous a décidé à finalement faire de choix ?
Je voyais bien que des choses me guidaient dans ce sens : le fait que le synopsis soit accepté aussi rapidement, le succès du livre et les nombreuses sollicitations pour parler du bonheur et du bien-être… Et il se trouve qu’on m’a proposé une promotion très importante qui doublait mes responsabilités de 42 à 82 hôtels. A ce moment-là, je me suis dit que les choses allaient prendre une tournure que je ne voulais pas et que pour rester fidèle à moi-même j’étais obligée de quitter mon poste pour suivre ce nouveau chemin autour de mon livre. Je suis sortie de ma zone de confort !
Aujourd’hui, j’ai un très beau projet avec l’écriture de mon deuxième livre et mes conférences à travers le monde. Je serai aussi diplômée « executive coach » au mois de septembre. Je me réjouis des petites victoires car je sens que je suis à ma place. J’aime mon chemin sans forcément être obsédée par un but précis…  Je marche et je profite de ce que je découvre sur le chemin.
En 4 mois, j’ai terminé le synopsis du deuxième livre, j’ai lancé mon site internet, je suis allée au Japon, en Corée et à Taïwan pour la sortie de mon livre, et j’ai participé à mon premier TEDx à Singapour… C’est le début de ma nouvelle vie !
 
Vous avez aussi développé une expertise sur le bien-être au travail. C’est une expérience que vous allez partager ?
Oui, aujourd’hui j’ai envie de contribuer à la réflexion d’entreprises notamment en France. C’est un domaine qui a fait ses preuves pour augmenter la productivité, la créativité, l’implication et la fidélité des salariés dans un monde où les entreprises se battent pour les meilleurs talents.
Gandhi disait « soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ». J’aime bien cette idée de renvoyer la responsabilité des choses à chacun. Il s’agit de construire une société qui repose sur la confiance. Moi je viens d’un pays où il y a 78% de confiance entre les citoyens, en France nous sommes à seulement 22%. Toutefois, dans ma vie à Paris, j’ai un environnement de confiance à plus de 75 % parce que j’ai décidé de me comporter comme quelqu’un à qui on peut faire confiance et qui donne sa confiance aux autres.
 
Selon vous, quelles sont les clés du bonheur ? Quels conseils donneriez-vous ?
Je pense que la première question à se poser est : « Est-ce que je suis en phase avec moi-même ? », « Est-ce que j’ai un sens dans ma vie ? ». Une fois que l’on pense avoir trouvé la réponse, il s’agit de tout faire pour s’en approcher. Il faut aussi se réserver plusieurs sources de bonheur, la dépendance à une seule source de bonheur - son travail, une personne que l’on aime - est très risquée, car elle est fragile. Avoir beaucoup de sources, de personnes ou d’activités qui nous rendent heureux est un équilibre précieux à cultiver dans la vie. Et enfin, même si l’entourage est essentiel, soyez votre meilleur ami ! On passe toute notre vie avec “nous-même” donc on a intérêt à bien s’entendre avec cette personne !
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« J’aime mon chemin sans forcément être obsédée par un but précis… Je marche et je profite de ce que je découvre sur le chemin. »

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By Eve