Et la dernière en t’endormant ?
En général, j’essaie de lire. Je suis en lutte permanente contre les réseaux sociaux, parce que j’ai une fâcheuse tendance à m’endormir en regardant mon compte Instagram. Mais c’est vrai qu'ils regroupent mes centres d'intérêts, en l’occurrence la méditation, le yoga, les sports de glisse et une communauté vegan, c’est très chronophage !
Et quand tu es au-dessus de la vague ?
Je pense à la vague sous mes pieds qui se déroule, au vent sur ma peau, à l’instant présent. Je me sens en communion avec la nature. Pour moi, c’est un sentiment d’amour exponentiel, universel, l’impression de ne faire qu’un. C’est très difficile à décrire à moins de l’avoir vécu. Un jour, j’ai même vu une baleine, et je me suis dit que je pouvais mourir en paix après avoir vu ça.
Et enfin, quand tu sors de l’eau ?
Pour moi, il y a un avant et un après. Après avoir fait ma session j’ai vidé toutes mes énergies négatives, et je les ai remplacées par des positives. Le pouvoir régénérateur de l’océan est très puissant.
J’ai lu pas mal de choses sur ta vie. Peux-tu me la raconter à ta manière ?
Je suis née à Nouméa. Et quand j’étais bébé, on est parti faire le Tour du Monde en voilier avec ma famille. À 12 ans, je suis revenue en Calédonie, et j’ai commencé à faire de la compétition en natation synchronisée. À 16 ans, j’ai découvert la planche à voile. Je me souviens que quand je passais en vélo devant la baie de l'anse Vata, je voyais tous ces gens avec leur planche à voile. Ils avaient l’air super heureux. Je me suis dit que je devais essayer. Et je suis devenue tellement accro que mon coach m’a inscrite aux championnats de France et j’ai remporté toutes les manches. Ça m’a propulsée dans cette voie là.
Et ensuite ?
Ensuite, j’ai continué les championnats, je suis devenue vice championne du monde, championne d’Europe et plusieurs fois championne de France de windsurf. J’ai trouvé des sponsors et en parallèle on m’a proposé de lancer une chaîne 100 % Glisse sur Internet. J’ai appris le métier de journaliste sur le tas. Mais mon plus gros projet a été la préparation de ma traversée de l’Atlantique en planche à voile il y a 4 ans.
D’où vient ce projet ?
En 2006, j’ai vécu une année très éprouvante. Il y a eu la mort brutale de mon père, puis on m’a diagnostiqué un problème cardiaque et implanté un défibrillateur cardiaque. Au début j’ai eu beaucoup de mal à l’accepter, j’ai eu très peur de ne plus pouvoir aller sur l’eau. Mais je me suis rendu compte qu’avec de la volonté, de la passion, et un défibrillateur cardiaque, tout était possible. Et puis tous ces événements m’ont justement rappelé que la vie pouvait s’achever à chaque instant, et qu’il y a urgence à réaliser ses rêves. Alors j’ai voulu retourner là où j’étais pleinement heureuse : sur l’eau. J’ai été équipière sur des bateaux incroyables, et puis de là a germé l’idée de partir seule sur l’Atlantique, et de prouver que même avec un handicap on pouvait tout faire.