Petite fille, je voulais être chanteuse, styliste de mode ou sauveuse de dauphins.
Chanteuse, ça reste toujours un fantasme. Je pense que sauver les dauphins c’est râpé, malheureusement ! Styliste de mode aussi en fait. Mais ce n’est pas du tout un regret, parce que ce que je fais aujourd’hui me va vraiment bien. À travers mes différents métiers, j’ai toujours balancé entre cette envie d’être dans la création et celle d’aider, d’accompagner les gens, les artistes. Je me suis toujours dit que je n’avais pas le droit d’être une artiste. Mais aujourd’hui, grâce aux outils et aux systèmes à disposition, n’importe qui peut se prétendre artiste. Donc ça veut dire quoi, créer ? Il faut peut-être que je désacralise cette fonction d’artiste et sois moins inhibée par rapport à ça.
J’ai fait des études de droit pour rassurer papa-maman en me disant qu’au bout de ma maîtrise, je me spécialiserai en propriété littéraire et artistique. Pour aller sauver les artistes ! J’ai très vite arrêté, fait quelques stages dans des maisons de disques, et je suis devenue label manager chez Delabel. J’ai sauté dans le vide et atterri dans le milieu créatif. Mais du côté marketing. Au bout de 5 ans, j’ai eu envie de toucher à l’image de la musique. Chez Partizan, boîte de prod de clips et de pubs, je suis devenue productrice. Encore un nouveau métier à apprendre !
Quelques temps plus tard, je suis tombée sur un article annonçant l’ouverture prochaine d’un centre d’art contemporain à Paris. Le Palais de Tokyo semblait correspondre à une sorte de maison idéale pour moi. Après avoir répondu à une annonce parue dans Libé, et vécu la fameuse expérience des 4 ou 5 entretiens, je suis devenue directrice de la communication du Palais. C’était fantastique ! On était une petite équipe et il y avait une vraie complicité avec Jérôme Sans et Nicolas Bourriaud, les directeurs. L’expérience de lancement d’un tel lieu avec carte blanche, d’un point de vue professionnel, c’est hyper fort.
Et puis au bout de 2 ans, Sarah “Colette” me dit que l’attachée de presse du concept store s’en va et qu’elle a pensé à moi pour la remplacer. On met en place des nouveaux rendez-vous, des expos, des fêtes comme cette soirée green écolo avec un panda qui faisait un lap dance !
En parallèle, j’étais chroniqueuse presse et télé. En fait, dès qu’on m’appelait pour un truc, je ne pouvais pas m’empêcher de dire “d’accord, je vais essayer”. Avec des amies journalistes on a lancé Green Kiss, un blog qui parle de mode éthique et met en avant des projets innovants, engagés mais cool. J’ai aussi un peu mixé, un peu chanté… beaucoup tatonné !
Après 7 ans chez Colette, j’ai eu besoin de continuer à raconter une histoire, mais cette fois la mienne. Je suis donc partie pour monter ma boîte,
NW Agency. On y fait du conseil auprès des marques, de la stratégie de communication et d’image. Je peux être à la fois directrice de création, faire de l’accompagnement en écriture, créer des chaussures… J’ai par exemple lancé l’événement
Brunch Bazar pour animer les week-ends à Paris et avec mon compagnon -en amoureux de musique et du pays basque- on a même monté
un festival de musique à Biarritz.
Depuis longtemps, j’avais aussi l'idée de créer une marque de fringues réversibles, qui se porteraient de manière chic ou boyish. C'est comme ça, qu'avec Dyane de Serigny, on a créé Amish Boyish. Une super expérience qui m’a montré que quand tu te lances dans un projet qui demande d'apprendre un nouveau métier, si tu ne fais pas ça toute la journée, tu ne peux pas le faire. Dans la théorie du slash, il y a aussi certains sujets que tu ne peux pas mener de front, c’est une bonne leçon.
Aujourd’hui, à plus de 40 ans, la transmission est un sujet qui me tient à cœur. Tout ce que j’ai appris, tout ce que j’ai fait, il va falloir le partager et porter des valeurs d’espoir. Les millenials sont créatifs et plein de richesses, c’est ce qu’on veut montrer à travers Twenty Magazine, avec Delphine de Canecaude (mon associée sur ce projet). C’est une plateforme digitale sur laquelle les 16-25 ans peuvent s’exprimer et partager. On y scrute le monde à travers leurs yeux tout en sourçant du talent, de l’énergie. Cette génération a besoin de nous autant qu’on a besoin d’elle. Twenty, c’est dans la continuité de tout ce que j’ai fait et voulu faire. Je ne vais pas sauver des dauphins, mais je vais soutenir des millenials.