Bonjour Malene, dans votre livre « Heureux comme un Danois » (Grasset, 2014) vous dites « être née par hasard dans le pays le plus heureux du monde », quelles sont les valeurs avec lesquelles vous avez grandi ?
J’ai naturellement reçu des valeurs qui tournent beaucoup autour de la liberté de choisir d’être soi-même. Ma mère ne bataillait jamais avec moi sur les devoirs, elle me disait : « Tu peux ne pas les faire, mais tu finiras par avoir moins de possibilités que les autres, c’est toi qui choisis ».
Qu’est-ce que vous vouliez faire petite ?
C’est drôle parce qu’à 9 ans, je voulais être ambassadeur ! Je voulais voyager, découvrir le monde et aller vivre à Paris ! Puis à 11 ans j’ai voulu travailler dans l’hôtellerie donc mon père m’a amenée voir la directrice du plus bel hôtel de ma ville (Aarhus). Elle m’a bien alertée sur le fait que c’était un travail de passion dans lequel il fallait être prêt à travailler le soir et le week-end.
Pourquoi cette idée de vouloir vivre à Paris ?
Dès 13 ans, j’avais l’intuition que je viendrais vivre à Paris un jour. Je m’étais même inscrite en cours de français le soir pour être pleinement préparée à venir en France à 18 ans et suivre ma passion. Dans mon livre, j’appelle ça un idéalisme réaliste. Il s’agit de suivre ses rêves mais d’avoir les pieds sur Terre.
Au départ, je m’imaginais Paris, la Tour Eiffel, le Louvre et les terrasses de café alors que finalement, les débuts ne correspondaient pas vraiment à ça ! Je ne comprenais rien au français, j’étais jeune fille au pair, je vivais dans une chambre de bonne et j’avais perdu tous mes repères.
Au bout de 4 mois, ma mère est venue me chercher et elle m’a dit : « Tu as été très courageuse mais ça ne sert à rien de se faire violence et d’être triste donc je te propose de rentrer au Danemark ». Mais j’ai refusé parce que j’y croyais et que j’avais le sentiment que je pourrais être bien à Paris. Il me fallait juste du temps.
Quelle a été votre première expérience professionnelle en France ?
J’avais lu un article sur Elisabeth Sandager qui avait pris la direction de Bang & Olufsen France, elle avait un parcours impressionnant qui m’inspirait, donc j’ai décidé qu’elle allait me guider pour suivre son exemple. J’ai dû appeler à son bureau 40 fois avant de décrocher un rendez-vous… Je lui ai demandé si je pouvais passer du temps avec elle pour apprendre, elle a aimé cette approche, et a accepté ma demande. J’y suis restée 6 ans jusqu’à son départ de la société. Ça a été une expérience déterminante dans ma vie et Elisabeth reste encore aujourd’hui un de mes mentors.
Suite à ça j’ai travaillé pour une agence de publicité en tant que directrice de clientèle. J’y suis restée deux ans, j’ai beaucoup appris mais je ne me sentais pas à ma place. J’avais besoin de revenir à quelque chose que j’aimais, à mes débuts, à mes rêves : l’hôtellerie.
J’ai alors accepté un poste de directrice de la communication chez Relais & Châteaux. C’était une expérience assez intense de 6 mois mais je me suis rendue compte que ce n’était pas pour moi et que j’avais pris ce poste « parce que ça ne se refusait pas » plus que par conviction personnelle.
Suite à ces expériences comment êtes-vous devenue Directrice Marketing et Communication du groupe hôtelier Hyatt ?
Je me suis retrouvée un soir au Park Hyatt Paris Vendôme à prendre un verre avec un ami et j’ai discuté avec le directeur de l’hôtel. Deux jours plus tard, on m’appelait pour me rencontrer pour le poste de directrice marketing et communication pour l’Europe, le Moyen Orient et l’Afrique du groupe Hyatt. Le Vice-président était un homme incroyable (il a notamment travaillé 20 ans dans les services secrets du Royaume-Uni comme profiler) avec qui j’ai tout de suite eu envie de travailler. Il m’a proposé le job et j’ai accepté. Comme pour Elisabeth, j’ai été séduite par une personnalité plus que par une fonction. Je pense qu’il est important de s’entourer de personnes que l’on admire, qui nous tirent vers le haut et avec lesquelles on apprend.
Comment avez-vous vécu cette expérience ?
C’était magique. J’ai vécu le rêve de mon enfance parce que j’ai voyagé dans le monde entier, j’ai lancé beaucoup de projets que j’ai imaginés avec beaucoup de liberté. Je travaillais pour un grand groupe dont j’étais fière, j’étais écoutée, et nous avons travaillé dans une grande confiance. Quand j’ai écrit mon livre, je me suis sentie très soutenue.