Bonjour Agathe, avant le café Pinson, tu avais une autre vie ?
Une vie différente, disons… J’ai passé 6 ans dans une société de cosmétiques. Puis 2 ans dans la mode. Tout se passait bien mais je sentais que je n’étais plus complètement en phase avec qui j’avais envie d’être. J’avais envie de redonner du sens à mon action au quotidien, de définir mon fil rouge personnel. Ça a été le 1er déclic. Le 2e, c’est quand j’ai eu des enfants. Je me suis demandée ce que j’avais envie de leur léguer. Et aussi prosaïquement, pour la première fois je me suis posé ces questions : comment je voulais les soigner, les nourrir, les éduquer…
Le 3e déclic, c’est quand j’ai découvert que j’avais une intolérance au gluten, en 2003. A cette époque, on en parlait très peu, et je me sentais assez marginalisée. Il y avait quelques lieux, chacun spécialisés (bio, sans gluten, écolo), mais qui ne réunissaient pas toutes ces dimensions et qui l’alliaient au beau. J’ai pensé à la génération d’après : j’avais envie de pouvoir me regarder dans la glace à 80 ans et me dire que j’avais pu contribuer à ma manière. Avec ces 3 déclics, j’ai quitté mon job en 2006. Je me suis posée, et j’ai réfléchi. Pendant 6 ans.
6 ans ! Et tu n’avais pas peur de piétiner pendant tout ce temps ?
A vrai dire, je ne l’ai pas vraiment choisi, mais pour moi ça a été essentiel, vécu comme une étape où je me suis réappropriée qui j’étais. Je l’ai vécu comme une période bénie, complètement unique où l’on prend le temps pour se laisser diriger par ses pensées et ses intuitions, et aller vers des idées neuves. Et enfin, c’est un temps nécessaire pour élargir ses possibilités de rencontres et de découvertes.
Et comment s’est passée cette gestation ?
J’ai tout désappris. Et j’ai tout réappris. Pris du recul. Déconstruit et reconstruit. C’est pour cette raison que ça a pris du temps. Je me suis plongée dans des livres, j’ai chiné des infos partout, autant lors de conférences pointues que dans l’épicerie en bas de chez moi. J’ai réappris sur la santé, la cuisine, la nutrition. J’ai compris que nos habitudes occidentales sont parfaitement atypiques et que dans la majorité des pays de la planète, on mange des produits de saison, qui ont poussé pas loin, qui n’ont pas été traités. Pour ça, le livre Santé parfaite de Deepak Choprah m’a remis les idées en place. J’ai redécouvert des savoirs ancestraux. Et j’ai trouvé ça passionnant.
J’ai fait aussi une quantité colossale de Business Plans, voulu m’associer, j’ai pensé à reprendre une affaire. Ça ne s’est finalement pas fait, ce qui est très bien ! Je ne crois pas au hasard. Cela m’a permis de savoir mieux définir ce que je voulais faire, tracer ma route.
Ensuite, une fois que je me suis sentie prête, ça m’a permis de tout créer très vite, en moins d’1 an. Car d’une certaine manière, tout était déjà en place dans ma tête. Le projet s’est enclenché de manière très fluide.